La Petite Interview de Simon Li a eu lieu sur le stand virtuel des Courants Alternatifs à la 2eCyberConv le samedi 28 novembre 2020.
Eugénie : OK ! Alors hello à tous et à toutes, on va commencer la petite interview n°2 avec Simon Li, pour AngeldustJDR. Je propose de dérouler quelques questions générales dans un premier temps, pour que tout le monde puisse découvrir les jeux de Simon et Manon ; et puis je vous donne la parole ensuite pour que vous lui posiez vos questions directement. Les plus naïves sont les bienvenues, les plus spécialisées hardcore aussi !
Hello Simon, est-ce que tu pourrais te présenter pour les personnes qui ne te connaîtraient pas ?
Simon : Coucou ! Et bien, moi c’est Simon, la trentaine, et je suis l’un des deux cerveaux derrière Angeldust JDR. On fait du JDR alternatif, comme vous vous en doutez ^^ Esthétique, souvent moral.
Eugénie : Est-ce que tu pourrais nous parler de ton parcours rôliste ?
Simon : J’ai commencé avec du tradi, et oh combien classique : D&D ^^ Puis, en découvrant petit à petit les JDR en vogue (Ars Magica, Warhammer, Vampire), j’ai voulu, avec Manon, écrire nos propres jeux : on bidouillait dans notre coin les jeux qui ne nous plaisaient pas. Au bout d’un moment, je suis tombé sur Silent Drift, LE forum francophone de création alternative. Et boum, je suis tombé dans marmite ! 🙂 Et puis, voilà, on suit le mouvement depuis ^^
Eugénie : Et du coup, Terres de sang c’est votre premier jeu avec Manon ?
Simon : Oui tout à fait ! Premier jeu qui nous a lancé dans le bain…
Eugénie : Est-ce que tu peux nous en parler rapidement ?
Simon : Du coup, c’est un jeu centré autour de l’exploration, à la fois d’un Continent inconnu et de soi-même. C’est un jeu sans MJ dans lequel on va jouer des explorateurs qui ont une certaine vision du monde. Au fur et à mesure de notre voyage, on va questionner cette vision dans des épreuves ou des dilemmes moraux.
Parmi les inspi, il y a Aguirre, la colère de Dieu de Herzog et The Fountain de Aronofsky…
Eugénie : C’est un jeu sans MJ, tu peux nous expliquer rapidement comment ça se passe en terme de règles ?
Simon : Alors, chaque joueur contrôle un explorateur. Le jeu fonctionne par scène, et dans chaque scène, le focus va être mis sur un personnage en particulier. Les autres joueurs cadrent la scène pour le personnage en question et on va explorer et questionner les croyances du personnage. Lorsqu’on sent une accroche pour proposer une épreuve morale pour un personnage, on peut demander de faire une scène spécifique pour justement lui proposer le dilemme.
Ca c’est une carte qu’on suit pour savoir où en est le personnage et quelle genre de scène on peut faire…
Eugénie : Top !
Simon : Après la scène de Conflit, le personnage peut décider de remettre en cause sa vision du monde ou pas… voilà voilà ^^
Eugénie : Super chouette ! Ensuite il y a Damnés, que vous décrivez comme votre lecture à vous de Vampire, mais centré sur les personnages ? (si je dis pas de bêtises ?)
Simon : oui tout à fait ^^ c’est un peu en mode « Si vous jouez à Vampire avec nous, ça ressemblera à ça » 🙂
Eugénie : Ce matin, Manon se disait « team drama » sur la Table Ronde autour des relations… Le drame, l’intériorité, les relations, les sentiments des persos, ça commence à ressembler à une marque de fabrique pour vos jeux ?
Simon : Ouais carrément ^^ C’est un peu le fil rouge de nos créations, même si en vrai nous n’avons pas de « ligne éditoriale » fixe : on propose simplement ce qu’on aime… Et du coup, au delà d’aimer le drama, ce qu’on aime par dessus tout, je crois, c’est le fait de ressentir des émotions fortes via les perso qu’on joue, l’exploration de relations personnelles et l’introspection. Ça se voit dans les jeux qu’on écrit je pense.
Eugénie : Oui, il y a une très belle règle dans Damnés, c’est la possibilité à n’importe quel moment de demander à un autre personnage « Que ressens-tu en cet instant ? »Je trouve ça très élégant pour mettre les émotions sur la table.
Simon : Merci <3
Eugénie : D’ailleurs on est peut-être passés un peu vite au détail, est-ce que tu pourrais dire un mot du fonctionnement de Damnés ?
Simon : Du coup, dans Damnés, on joue des êtres immortels, qui ont la Bête au fond d’eux. La Bête est le reflet des Désirs les plus extrêmes. Il y a un « MJ » qui guide la partie mais le jeu est fondamentalement centré sur les personnages. A la création de ceux-ci, on définit non seulement la Bête, mais aussi tout un réseau de relations, souvent pas très saines. Puis en jeu, on tend cette toile de relations.
En terme mécanique, la plus importante, c’est la suivante: Lorsque tu sens que ta Bête commence à prendre le dessus, tu prends un Jeton. Plus tu as de Jetons, plus tu es en mesure de gagner les conflits, mais plus tu as de risque de perdre le contrôle. C’est très similaire à la Bile Noire de Libreté (de Vivien Feasson )
Eugénie : C’est rigolo, moi je trouve que la règle la plus importante ce sont les Pactes et les Tabous 🙂 On est lié par des Pactes qu’on ne peut pas briser et qui sont en même temps impossibles à tenir… ça crée des tensions de ouf !
Simon : C’est l’autre côté de la médaille ^^ Les Pactes créent les relations malsaines 🙂 Pour faire du DRAMA !
Eugénie : hahahah ! Du coup le 3e jeu dont je voulais parler avec toi c’est Les larmes du soleil… à la lumière de ce qu’on vient de dire, il apparaît comme plus apaisé, non ?
Simon : Oui ^^ Comme quoi on fait pas que des jeux de drama :p
Eugénie : Est-ce que tu peux nous en parler un peu ?
Simon : Alors, les Larmes du Soleil est un jeu sans MJ dans lequel on raconte le voyage initiatique d’une Poétesse. C’est un jeu qui se veut poétique et zen, avec une ambiance sinisante, ou asiatique si on veut. On raconte tous ensemble le voyage en tirant des cartes sur lesquelles se trouvent des symboles à interpréter. A la fin de la partie, le jeu demande d’écrire un petit poème basé sur ce qui a été joué.
Eugénie : j’ai encore jamais joué mais je suis curieuse… il tient en deux pages mais s’accompagne de cartes ?
Simon : oui ^^ c’est un jeu pour Trop Long Pas Lu à la base et il y a 52 cartes avec des symboles dessus, à télécharger en pdf ou à commander en physique.
Eugénie : (un jeu créé en live en 30min à deux personnes et sous contrainte imposée)
Simon : … en fin de convention à l’arrache 🙂 A Octogone je crois ^^ c’était une super expérience !
Eugénie : J’ai encore quelques questions sous la main mais si le public veut intervenir pour t’en poser directement, qu’il ou elle n’hésite pas !
Public : Je ne suis pas un grand connaisseur de tout ce que l’on peut mettre derrière le terme de drame, et j’ai l’impression que j’associe ce terme à quelque chose de triste. Ce matin dans la conférence où est intervenue Melville, iel disait que le drame pouvait être autre chose que la tristesse : comique, tension, colère, intérêt. Est-ce que Damnés peut aborder ces thèmes ou on est spécifiquement sur des relations pas très saines entre les personnages ?
Simon : Avec Damnés, tu peux explorer toute une gamme d’émotions je crois, car tu choisis ta Bête. Par exemple, il y a la Succube, qui veut plaire à tout le monde. Le réseau de relations pas très saine pousse au « conflit », c’est vrai, mais je crois que ce n’est que la conséquence de l’expression de la Bête de chacun. Bon, il faut avouer qu’une fois la Bête poussée à bout, ça finit rarement joyeusement…
Eugénie : J’ai une question toute simple : quels sont tes projets en cours ? (ou vos projets en cours avec Manon) mais attention, j’ai vu passer que tu playtestais Héros d’Argile avant la conv et j’ai entendu les éditions Poseidonia parler d’un collaboration avec toi hier… j’espère qu’on aura des infos sur l’un ou l’autre de ces sujets-là dans ta réponse :p
Simon : héhé ^^
Eugénie : je suis CURIOSITE
Simon : Donc oui, on a Héros d’Argile dans les cartons en ce moment. Ca devait sortir début 2021 chez Posidonia, mais avec le contexte Covid, c’est compliqué. La bonne nouvelle c’est qu’on dispose de plus de temps pour peaufiner le jeu (et c’est pas un luxe ^^) Et parmi nos autres projets, on travaille sur un Bac à Sable Narratif situé dans la Chine médiévale… Du coup, tu veux que je détaille l’un ou l’autre ?
Eugénie : LES DEUX ! (en vrai c’est comme tu veux, ça dépend aussi de où vous en êtes sur chacun des projets)
Autre Public : AH AH ! Vendu au grand capital !
Simon : Lol ^^ je plaide coupable
Autre Public : * le rideau derrière Eugénie tombe, tous les CA sont là – c’était un piège)
Eugénie : monsieur Féasson, voulez-vous retourner vérifier votre financement en cours sur Game On Tabletop svp ?
Simon : Pour Héros d’Argile, c’est un jeu dans lequel on raconte la génèse, l’ascension et peut être la chute d’un (Super) Héros. Le dispositif de jeu est très asymétrique: il y a une personne qui joue le Héros en mode PJ de JDR tradi, il y a des gens qui jouent les adjuvants (sidekicks) ainsi que les éléments positifs pour le Héros, et il y a une personne en charge de construire un Bad guy à la hauteur du Héros. C’est un jeu qui se centre sur le quotidien et les relations du Héros, saupoudré d’un peu d’action et de conflits…
Pour ce projet, on a la chance d’avoir un super illustrateur: Vianney Carvalho
Simon : On est aussi épaulé par une super assistante de communication: Alice Cochin, qui nous a fait des supers logos
Eugénie : la classe !
Autre Public : Cela dit ça m’intéresse d’entendre les raisons de ce choix : pourquoi l’édition, pourquoi Posidonia ?
Simon : On voulait tester le modèle économique du crowd funding, en étant assez hésitant à se lancer dans le grand bain tout seuls. Il y a plein d’aspect qu’on ne se sentait pas de gérer: illustrations, paliers, communication, confection du livre, etc. Posidonia nous donne le contrôle à 100% de notre jeu, ce qui reste assez dans l’esprit indé / alternatif, tout en nous garantissant une sécurité financière et un support technique. Ce n’est pas un éditeur classique dans le milieu du JDR je crois, car il ne nous dit rien de ce qu’on doit faire, du marché, de la forme du livre, etc. Lui, il s’occupe de fabriquer le produit et c’est tout. C’est exactement ce qu’il nous fallait.
Eugénie : Je lance ma toute dernière question, qui raccroche au thème de la convention : est-ce que tu peux citer une ressource qui t’intéresserait particulièrement si tu devais jouer un voyage ? (un jeu, une mécanique, une inspi hors JDR, un lieu où tu voudrais jouer ça…)
Simon : En ce qui concerne la ressource, je n’ai pas de recommandation universelle. Moi, j’adore The Fountain comme film… Donc allez voir ce film si vous voulez savoir ce qu’on entend par « explorer le monde c’est explorer soi-même »…
Eugénie : C’est la fin de cette Petite Interview, gros merci à toi pour tes réponses Simon !
Simon : Merci à toi Eugénie ! <3