La Petite Interview de Côme a eu lieu sur le stand virtuel des Courants Alternatifs à la CyberConv, le dimanche 5 avril 2020.

Eugénie : Hello à tous et à toutes, on va commencer la petite interview n°6 avec Côme. Je vous propose de me laisser dérouler quelques questions générales dans un premier temps, pour que tout le monde puisse découvrir les multiples jeux de Côme ; et puis je vous donne la parole ensuite pour que vous lui posiez vos questions directement. Les plus naïves sont les bienvenues, les plus spécialisées hardcore aussi !

Hello, Côme, est-ce que tu pourrais te présenter pour les personnes qui ne te connaitraient pas ?

Public : Cooooooome ! Côme ! Côme ! Côme !

Côme : Alors dans la vraie vie je suis prof d’anglais au lycée ! Et sinon je suis quelqu’un qui ne tient pas en place et sautille souvent d’une idée à l’autre. Du coup, côté JdR ça veut dire que j’ai commencé par participer à Radio Rôliste avant d’en devenir animateur pendant quelques années ; que j’ai co-créé le blog Et pourtant, elles jouent ! avec une certaine Eugénie, Guylène et Cédric Ferrand ; que j’ai co-créé le site Trop long, pas lu avec un certain Melville et Julien Pouard ; que j’ai écrit pour Wastburg qui est actuellement en financement… Et deux-trois autres trucs en plus. 🙂

J’ai un peu ralenti le rythme depuis que je suis devenu papa il y a plusieurs mois, mais j’ai encore pas mal de choses qui me grattent le crâne ! (je dis ça mais j’ai écrit l’un des jeux dont on va parler aujourd’hui en 3 mois)

Eugénie : Est-ce que tu peux nous parler un peu de ton parcours rôliste ?

Côme : Rapidement oui ! J’ai commencé le JdR au collège, un peu par hasard après que des copains à mon frangin ils m’en ont causé et ça a l’air chouette. Je suis resté dans les pistes du tradi pendant trèèèèès longtemps, avec notamment une période où je bouffais du Cthulhu à tous les repas et sous toutes les formes.

Finalement j’ai déboulé dans le JdR un peu moins conventionnel, et je crois bien que c’était grâce à certaines rencontres à la librairie Charybde d’ailleurs !

Côté création ça s’est fait beaucoup plus tard, à vrai dire à part Wastburg sur lequel Cédric Ferrand m’avait très généreusement invité je n’ai rien écrit du tout avant 2017. (En fait je voulais devenir écrivain mais étant trop doué pour ce milieu j’ai décidé de devenir auteur rôliste)

Eugénie : Et du coup, en 2017, tu te lances dans ce défi de créer un jeu par mois, c’est ça ?

Côme : Voilà ! En fait tout ça c’est la faute de Melville : il m’a branché sur les jeux du sémillant Grant Howitt qui crée depuis un moment un JdR en une page tous les mois. L’idée me séduisait bien et j’ai créé un premier mini-JdR, un peu par hasard, en copiant totalement le modèle d’Howitt. Je me suis dit que si Melville y arrivait ça ne devait pas être si difficile !

Et puis comme on pouvait s’y attendre, après ce premier jeu j’ai eu une idée pour un autre jeu, puis encore un autre… Je n’avais pas du tout prévu de faire ça sur la durée mais comme ça marchait bien, j’ai continué ! Et au bout d’un an j’avais encore des idées, des trucs bizarres à tester, donc je l’ai fait une deuxième année.

Au final ça donne 32 jeux parce que j’en ai écrit un peu plus, et je les ai tous regroupés sous forme de recueil, qui est d’ailleurs gratuit pendant la durée du confinement !

Eugénie : C’est pas évident de parler de ce recueil parce qu’il fourmille d’idées et de jeux très différents… est-ce que tu pourrais en sortir trois qui dont tu es particulièrement fier et nous les présenter ?

Côme : Quoi ?! J’étais chaud pour les 32 pitches moi !! Alors du coup je vais en citer trois dont je n’ai pas encore parlé depuis vendredi.

Éternel samedi soir est un jeu où l’on incarne les fantômes d’ados morts pendant une grosse fête, coincés dans une boucle temporelle pour essayer d’éviter leur propre mort. Je l’aime beaucoup parce qu’en une page il fait bien des choses et qu’il tourne bien !

Cités affamées est aussi un de mes chouchous : il est compliqué à pitcher mais en gros c’est l’histoire de voyageurs qui visitent une cité en quête de quelque chose, et c’est l’histoire de la cité qui veut les retenir en son sein. C’est un jeu qui peut se jouer en solo ou à plusieurs, avec des rôles très modulables.

Allez, un troisième chelou : La Stèle au cœur des plaines, un jeu sans MJ inspiré d’Antoine Volodine, de Millevaux et de Stalker, pour jouer des gens qui se perdent dans des steppes hallucinées…

(roh zut j’aurais dû en choisir trois autres, je peux recommencer ?)

Public : Comment partages-tu ton travail d’écriture de jdr entre tes productions personnelles et les autres (comme Wastburg) ?

Côme : Oh ça c’est simple : en fait à part Wastburg je n’écris que pour moi ^^ Et comme les textes pour Wastburg avaient été rendus fin 2017, bah… Par contre j’écris aussi des romans et c’est pas forcément facile de trouver le temps pour tout. En gros, j’avance sur ce qui me motive le plus à un moment donné, et puis quand c’est bien avancé je change mon fusil d’épaule.

Public : Est-ce que tu playtestes les mini-jdr ?

Côme : Ah OUI ! J’y tiens beaucoup, tous les jeux ont été playtestés au moins une fois, souvent plus. Sur les 32 je crois qu’il n’y en a que 3 ou 4 que je n’ai pas testés.

Eugénie : [ note : on parle de mini-JDR parce qu’ils tiennent sur une page, mais ils produisent des parties tout à fait normales ]

Côme : Ça dépendait de l’avance que j’avais mais certains ont été playtestés de très nombreuses fois, jusqu’à arriver à une forme satisfaisante. Il y a des jeux qui ont mis un an à sortir, par exemple.

Eugénie : Ah ? lequel ?

Côme : Robonimaux a été mon deuxième jeu écrit mais est sorti en 10e ; mais le plus long je crois que ça a été Meurtre au monastère quantique, parce qu’il y avait un sacré nombre de paramètres à régler dans celui-là !

Il y a aussi un GN en bonus dans le recueil, sur lequel j’ai commencé à bosser en novembre 2017 et que je n’ai fini que l’été dernier. Il fait d’ailleurs partie des jeux non testés, hélas…

Eugénie : dans le recueil on trouve des jeux drôles, des jeux tristes, émouvants, barrés ou poétiques… et VIOLENCE / SEXE / CACA on en parle ?

Côme : Mais oui ! Mon best-seller ! C’est parti d’une mauvaise blague d’un camarade que je ne citerais pas, qui disait que les jeux de Batronoban pouvaient se résumer à 3 caracs : Violence, Sexe et Caca. J’ai donc relevé le défi d’écrire le jeu correspondant ! Au départ écrit sur des feuilles de papier toilette, je l’ai un peu remanié pour qu’il soit plus lisible.

J’aime beaucoup le fait que malgré son côté totalement défoulatoire, il commence par un avertissement sur la sécurité émotionnelle, histoire que les rôlistes troll et mascus ne puissent pas y jouer tranquillement ^^

Mais c’est vrai que c’est un peu devenu un gimmick ce jeu, c’est celui qui revient toujours sur la table ! Certes, il est objectivement bien (dans le sens « bien conçu ») mais j’ai la faiblesse de penser que ce n’est pas le seul…

Eugénie : Disons qu’il tranche au sein de la proposition des Courants Alternatifs !

Côme : C’est parce que vous n’osez pas admettre que vous aimez les jeux qui parlent de caca. Allez, vous rêves tou·te·s de participer à la jam Donjons & Cacanalisations, avouez !

Eugénie : A propos de ces fourmillements créatifs en ligne… pendant la Zine Quest, tu as lancé Green Dawn Mall, le jeu que tu fais jouer pendant la CyberConv. est-ce que tu peux nous en dire quelques mots ?

Côme : À force de copier/coller le slogan partout pendant le financement du jeu, je le connais par cœur : « Un jeu où l’on incarne des adolescents explorant un centre commercial infini et tordu à la recherche de leur ami·e disparu·e » !

Ce n’est pas encore sorti (le PDF est prévu pour fin avril, la version imprimée pour un peu plus tard) mais ce sera un fanzine A5 d’environ 80 pages ; un jeu complet donc avec un système de jeu tout simple et plein d’aléatoire pour que deux explorations du centre ne soient jamais les mêmes.

L’idée, c’était un peu de réconcilier mon amour des jeux avec du drama (j’adore les jeux où l’on joue des ados) et ma romance toute récente avec l’OSR.

Eugénie : Tu le présentes comme un jeu OSR, où le donjon serait un centre commercial des années 80… ?

Côme : De mon point de vue oui, même si je crois que les puristes ne seraient pas tout à fait d’accord ! Je n’y connais pas grand chose à l’OSR, à vrai dire, mais deux grosses inspirations du jeu c’est The Stygian Library d’Emmy Allen, où l’on explore une bibliothèque infinie, et Into the Odd autant pour le système que pour le côté bizarre.

Eugénie : Et Itras By ??

Côme : Et ITRAS BYYYYY bien sûr !! Mais ça c’est juste parce que c’est une ambiance qui me colle à la peau et que je ne peux humainement pas mettre un peu d’Itras By dans tout ce que j’écris !

Public : Est-ce que l’exploration est comme un donjon avec une carte ou est-ce plus narratif comme on le peut faire avec Dungeon World ?

Côme : C’est plutôt avec une carte, en tout cas moi j’en fais une quand je mène mes parties. Par exemple celle de la partie d’hier ça ressemble à ça :

(désolé pour la qualité un peu naze)

En gros les PJ commencent sur une place sur laquelle le MJ génère des magasins et des couloirs, et à partir de là ça fait un labyrinthe potentiellement infini.

Il y en a un autre exemple dans l’actual play que j’ai réalisé chez l’ami Vols de 2d6PlusCool.

Public : D’accord.

Autre Public : Merci pour sexe violence et caca, le lire est toujours un grand moment de lol pour moi. Comment tiens tu le rythme ?

Côme : C’est fini pour moi les JdR mensuels ! Je n’exclus pas de réécrire des mini-JdR plus tard, mais pas pour le moment. Et je ne sais absolument pas comment j’ai tenu le rythme pendant 2 ans. Si quelqu’un trouve, ça m’intéresse.

Public : Une question sur Green Dawn Mall : au niveau de l’ambiance du centre commercial, est-ce que les joueurs en font ce qu’ils veulent, ou tu as mis ta propre patte pour créer l’univers ?

Côme : C’est très marqué, je pense : quelque part entre de l’horrifique tordu et du bizarre en formica. Pour le coup ce sont peut-être davantage les tirages aléatoires qui modifient l’ambiance ; par contre les réactions des PJ vont beaucoup jouer, selon à quel point ils vont essayer de comprendre la logique des lieux, discuter avec les PNJ, ou au contraire essayer de la jouer safe…

Public : Avec tous les jeux que tu as écris, notamment en mensuel, comment ou a partir de quel moment tu décides qu’un jeu est fini ?

Côme : Quand la fin du mois arrive ^^

C’est une question difficile, en réalité : la réponse la plus honnête que je pourrais donner c’est « quand le jeu fait ce que je voulais qu’il fasse ». Mais ce n’est pas tout à fait exact car je peux être satisfait sur le moment et avec le recul me dire qu’il aurait mieux fallu peaufiner plus… D’ailleurs il n’est pas exclu que je reprenne et développe certains jeux courts dans un avenir plus ou moins proche.

Pour Green Dawn Mall c’est pareil, là je considère le jeu fini mais si je m’écoutais je continuerais à ajouter des trucs dessus. C’est difficile de savoir s’arrêter mais c’est également nécessaire.

Public : Est ce que tu n’as pas l’impression d’écrire des itération du même jeu ?

Côme : Pas du tout, pour le coup ; à travers les différents jeux il y a très certainement nombre de mes obsessions qui reviennent, mais ils sont tellement différents les uns des autres que je n’ai pas trop l’impression de me répéter.

Eugénie : Il y a du avec MJ, du sans MJ, du jeu solo, du jeu à 2, du GN, du jeu épistolaire, du jeu avec dés, avec cartes à jouer, avec mikado, avec deck de cartes…

Public : je ne connais que Green Dawn Mall du coup je me posais la question.

Côme : Pour le coup à part Robonimaux qui ressemble par certains aspects à Green Dawn Mall, les autres n’ont pas grand chose à voir.

Public : Coucou Côme ! Petite question, tu parles de plein d’idée pour Green Dawn Mall, une possible extension à la sortie du jeu ensuite ?

Côme : C’est pas prévu pour le moment – les idées que j’avais en plus, je les ai mises dans les paliers débloqués pendant la campagne 😉 Après c’est comme pour le reste, peut-être qu’une idée débarquera sans prévenir… L’un de mes joueurs hier suggérait un hack Belle Époque et je trouve que c’est une excellente idée mais je vais la lui laisser.

Public : Du coup que reste-t-il comme système de résolution original que tu voudrais essayer ? Je suggère un jeu à base d’hippo-gloutons.

Côme : Je n’ai pas le monopole du système chelou, y a qu’à demander à Melville et ses jeux avec des dominos ! Pour le coup je ne crois pas qu’il y ait un jeu où j’ai commencé en me disant « Bon, quel système chelou j’ai pas tenté », c’est plutôt venu dans un 2e temps (par exemple, les mikados c’est dans L’Effet Doppelgänger, ça me paraissait une excellente façon de simuler les remous du multivers que les PJ visitent)

Eugénie : Est-ce que tu peux citer un retour de joueur ou joueuse qui t’a marqué ?

Côme : Sur mes mini-JdR, c’est un retour de Felondra à propos de Éternel samedi soir qui m’a beaucoup marqué : c’était la première fois que quelqu’un semblait avoir lu et joué à un de mes jeux, ça faisait très chaud au cœur !

Sur Green Dawn Mall, c’est sans hésiter les retours de Jan Van Houten, rôliste, prof et twittos qui m’ont beaucoup donné d’énergie : il anime un club JdR dans son collège, a fait jouer ses collégiens à GDM et ils ont adoré… Voir des fiches de perso remplies d’une écriture maladroite, ça m’a juste fait fondre !

Public : Et comment qu’on fait pour acheter GDM quand on n’a pas participé au foulancement ?

Côme : Je l’annoncerai à grand renfort de trompettes le moment venu, mais le PDF sera dispo sur ma page itch.io courant mai au plus tard. Pour la version imprimée, faudra passer en convention sur le stand des CA.

Public : Cool, PDF sera très bien :). Merci je m’abonne à ton itch.io

Côme : Ah oui tiens, c’est vrai qu’il y a sur ma page itch.io un kit de démo gratuit de Green Dawn Mall qui fonctionne aussi comme jeu indépendant (à un MJ et un PJ) et comme prologue au jeu complet !

Public : Cool ! Ahhh trop de jeux à tester

Autre Public : Pareil.

Autre Autre Public : On en est malheureusement tous là.

Eugénie : Et tu pourrais citer un autre jeu des CA que tu aimes ou qui t’intéresse tout particulièrement ?

Côme : Oulala, c’est beaucoup trop dur de n’en choisir qu’un seul !! Pour ne pas répondre Inflorenza comme mes camarades (c’est pourtant celui qui a sans doute changé le plus profondément ma façon de jouer), je dirais Psi*Run, pour sa simplicité d’usage et la façon dont il peut plaire à tout le monde, y compris à des gens qui n’ont jamais joué à un JdR de leur vie ! (mais en vrai ils sont tous trop bien)

Eugénie : Super chouette ! Gros merci à toi pour cette petite interview

Côme : Avec grand plaisir ! Merci à vous tou·te·s 🙂

Côme Martin, la Petite Interview
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