La Petite Interview de Cendrones a eu lieu sur le stand virtuel des Courants Alternatifs à la CyberConv le samedi 4 avril 2020.

Eugénie : Hello à tous et à toutes, on va commencer la petite interview n°4 avec Cendrones. Je vous propose de me laisser dérouler quelques questions générales dans un premier temps, pour que tout le monde puisse découvrir ses jeux ; et puis je vous donne la parole ensuite pour que vous lui posiez vos questions directement. Les plus naïves sont les bienvenues, les plus spécialisées hardcore aussi !

Hello Cendrones, est-ce que tu peux te présenter pour les personnes qui ne te connaitraient pas ?

Cendrones : Je suis Julien Pouard, organisateur des Voix d’Altaride, podcasteur depuis quelques années et quasi simultanément auteur de jdr. Et https://cendrones.itch.io/ pour découvrir une bonne partie de mes jeux. Je pense que ça suffit comme présentation. non?

Eugénie : Tu peux nous parler un peu de ton parcours rôliste ?

Cendrones : il a commencé il y a fort fort longtemps, vers 1986 je crois, mes souvenirs de ma première partie de l’oeil noir au centre de loisir étant très flous. J’ai vraiment commencé à jouer régulièrement autour de 1989. Tout au long de mon collège et lycée j’ai joué dans différents groupes de jeu, différents clubs et commencé à écrire avec un compère fidèle mes premiers jeux ou univers de jeu.

Je n’ai eu en fait qu’une petite rolopause en 95-97 quand je commençais mes études mais j’ai vite repris. En particulier en participant à une assoc de GN vampire en plus des parties nombreuses et régulières de l’époque sur du jdr des années 90 pur jus comme Nephilim, vampire etc.

J’ai continué à jouer comme ça jusqu’aux années 2010-2012 où j’ai commencé à m’intéresser à des jdr moins classiques, plus alternatifs, comme en particulier Houses of the Blooded de John Wick, qui a été un vrai tournant. J’ai aussi commencé à écrire pour le jdr dans les Chroniques d’Altaride.

Puis fin 2014 j’ai commencé le podcast des Voix d’Altaride et participé depuis à un tas d’autres podcasts.

J’ai publié en 2017 De Mauvais Rêves, Tours de Garde en 2018, Glorieuses ! en 2019. Et je compte continuer sur cette lancée dans les années à venir.

Voilà !

Eugénie : Yay ! est-ce que tu peux nous présenter De Mauvais Rêves ?

Cendrones : De Mauvais Rêves c’est un jeu qui parle de famille, des liens qui les unissent et des conflits qui les éloignent, de la chaleur du foyer aussi.

On joue une famille maudite par les esprits qui font des cauchemars toutes les nuits, on raconte leur vie quotidienne, leurs réunions et repas de famille et la façon dont ils se griffent ou se soutiennent tout du long. Et quand la nuit tombe un des membres de la famille est pris par les cauchemars alors que les autres utilisent leurs souvenirs heureux pour l’en sortir.

C’est un jeu qui alterne des phases pouvant être dures, des moments de vulnérabilité aussi. Et des instants de retrouvaille, où on se rend compte que malgré tout, on peut se soutenir, s’aimer.

Eugénie : Un aspect que j’adore dans ce jeu, c’est que ça appartient au joueur dont le perso est pris par les cauchemars de raconter son propre tourment, pendant que les autres vont essayer de l’en sortir. ça va à rebours des habitudes de jeu, où on tente de triompher et les autres sont là pour nous résister. Comment t’es venue cette idée-là ?

Public : J’ai adoré mes parties de De Mauvais Rêves, que nous avons utilisés avec plusieurs débutants.

Cendrones : Merci ! A l’origine, le jeu a été conçu pour le Gamechef, avec l’idée de faire un jeu pour « un autre public ». Les contraintes incluaient l’idée de rêves. Alors j’ai cherché un jeu qui soit doux, dont les enjeux soient abordables pour des non rolistes ou des gens qui n’aiment pas la violence. L’idée de jouer avec mes parents, grands parents etc.

L’idée c’était de se dire que si jamais les choses déraillaient, le matin on était juste fatigué.

J’ai voulu que le joueur dans ses cauchemars se rende vulnérable, mais que les autres le soutiennent. Qu’au lieu d’avoir un MJ ou d’autres joueurs qui lui en mettent plein la tête, il se foute à poil en disant « voilà j’ai mal, aidez moi ». Une sorte d’appel au secours qu’on pourrait comparer aux exercices de confiance où on se laisse tomber dans les bras des autres.

Après le jeu a un peu déraillé à cause des tests avec un certain vivien féasson et un épiphanie poétique. Mais ça renforçait d’autant cet épisode là qui était au coeur du jeu. que je voulais mettre en avant . Alors je me suis banco.

Eugénie : A propos de déraillement… comment tu en es venu à hacker ton propre jeu ?

Cendrones : Encore grâce à des tests et des parties avant même la sortie du jeu si je ne m’abuse.

A l’issue d’une partie en convention des joueurs m’ont dit (Julien et Audrey) que le jeu leur paraissait super pour jouer un truc genre Friends. Décrire un groupe d’ami face à leurs contradictions et leurs liens malgré tout. Ca m’a trotté dans la tête et j’ai eu envie d’écrire un certain nombre de contextes alternatifs.

Le premier c’était De Mauvais Riffs, dans lequel on joue un groupe de rock dans sa dernière tournée.

Puis j’ai eu envie de l’adapter en medfan, pour faire ce que j’aurais toujours aimé faire en donjon si j’en avais eu l’occasion. Tours de Garde propose donc d’explorer un donjon avec des persos badass pour lesquel l’adversité est plus présente dans leurs conflits internes et leurs questionnements que dans le donjon.

Enfin après avoir vu la série GLOW, je me suis dit (ou on m’a dit je ne sais plus) que ça ferait un super contexte de jeu. Et là aussi, en écrivant Glorieuses … il s’est passé des choses que je n’attendais pas.

En testant le jeu avec une table fantastique (merci Eugénie, Manu, Sélène) on y a dit des choses fortes sur la vie de femmes imaginaires dans une France d’un passé un peu imaginaire. Et à chaque partie c’était pareil. Et j’ai adoré ça, admettre une part de féminité, explorer des thèmes auquel je ne pense pas à la base…

Et j’ai encore une liste longue comme le bras, mais je ne suis pas sur d’en publier d’autres pour le moment.

Eugénie : Pour les personnes qui découvriraient le jeu et qui ne connaissent pas la série : on joue des femmes des années 80 qui participent à du catch féminin pour la TV. On va se retrouver coincée entre le strass un peu cheap du catch et la banalité de notre quotidien qui nous rattrape. ça parle de cette échappatoire, mais aussi des relations dans l’équipe.

Dans l’ensemble, les jeux motorisés par les Songes parlent de cette tension dans un contexte difficile : on entretient des rancunes les uns envers les autres mais quand il le faut on passe au-delà et on se serre les coudes. Est-ce que tu as d’autres hacks en tête ? ou est-ce que d’autres personnes t’ont déjà hacké ?

Cendrones : J’ai reçu un hack parlant de goules et de leurs conflits. C’était à une période chargée donc je n’y a pas prêté l’attention que ça méritait mais je compte bien me rattraper un jour auprès de l’auteur Medhi.

Et donc oui j’ai une liste de hack assez nombreux en tête. Mais j’ai plus pour projet de produire un « manuel de hack » à destination des intéressés et ensuite autoriser l’exploitation de la « licence » à qui voudra.

Eugénie : waouh c’est top ça !

Public : Je sais que tu écoutes beaucoup de podcasts rôlistes américains, est ce qu’il y a dans ces formats des choses que tu as envie d’amener aux Voix d’Altaride ?

Cendrones : Oh bonne question. On prends déjà beaucoup d’inspiration chez the Misdirected Mark Podcast. J’ai aussi organisé deux trois fois un format que j’aime beaucoup le « call show » dans lequel les gens peuvent venir poser leurs questions à l’antenne ou par mail et on tâche d’y répondre.

Comme fait par exemple le Happy Jacks RPG podcast. On s’est aussi inspiré d’un podcast qui créaient un univers de jdr par numéro (j’ai oublié leur nom là de suite et ils se sont interrompus).

Public : Ils sont chouettes, très inspirés

Cendrones : Je n’ai pas d’idées précises de format supplémentaire pour le moment. Enfin… pour les Voix !

Eugénie : yess ! j’allais demander… et tes prochains jeux ? Je sais que tu en as plusieurs en développement ?

Cendrones : Beaucoup trop tu veux dire. Les deux gros chantiers sont Divergence et la Faim.

Divergence c’est un jeu de SF, testé dans plusieurs campagnes, majoritairement rédigé mais en pause pour le moment. On est en train de faire une campagne avec les Voix d’Altaride et on va se faire des podcasts de débrief de campagne. On a choisi ce jeu là comme modèle.:)

L’autre projet c’est la Faim, un jeu d’exploration de donjon et de voyages entre les mondes. Dans lequel les joueurs ont une influence déterminante sur le monde qui les entoure. Un jeu où on passe de Miyasaki à Millevaux dans le cadre d’une ou deux parties.

Et pour introduire cet univers, mon travail de création se concentre aujourd’hui sur le Temple des Vents un mode de jeu solo. Et ce projet m’excite beaucoup parce que j’y suis rejoint par des illustrateurs de grand talent, Guillaume Jentey et Romain Gesper !

Eugénie : J’ai effectivement vu passer des illustrations, ça promet d’être somptueux…

cendrones : Par exemple 🙂

Eugénie : Est-ce que tu saurais citer un retour de joueur ou joueuse qui t’a marqué ?

Cendrones : Oh citer de tête ce n’est pas facile. Mais il suffit d’écouter la fin de l’épisode De Mauvais Rêves de 1 MJ de trop pour entendre la tartine de compliments outrés que fait Guillaume sur le jeu !

Sinon j’ai eu des retours marquants à deux niveaux. Un très bon ami à moi qui me disait qu’il ne pourrait jamais jouer à De Mauvais Rêves, parce que c’était trop psychologisant pour lui. Et des remarques de joueurs barbus quarantenaires qui s’étaient pris une petite claque à jouer à les catcheuses de Glorieuses !

En général les remarques font preuves d’une grande bienveillance. Mais je crois que je citerai aussi Julian qui me disait après une partie de De mauvais riffs qu’il avait fait partie de plusieurs groupes musicaux et que c’était exactement ça. Ou Thomas qui a vu Glow après avoir joué à Glorieuses et disait retrouver exactement ce qu’on avait joué dans la série.

Eugénie : ça ne m’étonne pas !

Public : Alors, je ne connais pas Glow qui a inspiré Glorieuses (si j’ai bien compris), mais simple question de curiosité, est-ce que tu sais s’il y a eu plus de joueurs ou de joueuses qui ont pu y jouer ?

Cendrones : Dans mes parties c’est à peu près équivalent. Peut être un majorité de mecs. En dehors je ne sais pas.

Public : Okay ! Tu visais un public en particulier, ou la question ne s’est pas vraiment posée ?

Cendrones : Non je ne visais pas de public particulier, en sachant que les fans de la série pourraient être intéressés mais que les amateurs de fantasy classique ne le seraient pas 🙂

Public : D’accord ! Il m’intéresse pas mal en tout cas, je ne sais pas quand j’aurai le temps, mais je le ferai certainement tester à des amis !

Eugénie : C’est ma dernière question de l’itw, est-ce que tu pourrais citer un jeu des CA qui te plaît ou t’intéresse tout particulièrement ?

Cendrones : Y’en a plein donc c’est dur. Je vais regarder le catalogue pour ne pas en oublier un.

Eugénie : Hey hey hey t’as droit à un seul, hein !

Cendrones : Si j’attache tous les noms ensemble ça fait un seul mot non ? Je vais choisir Les Larmes du soleil de Simon et Manon Li et Valentin T.

Parce que c’est un jeu dont j’ai assisté à la genèse sur le stand des courants alternatifs à octogones lors de l’enregistrement d’un épisode de troplongpaslu (j’ai la preuve en vidéo quelque part) mais aussi parce qu’il me plaît bien.

Eugénie : C’est vrai que c’est encore un volet de tes activités qu’on n’a pas évoqué, mais avec Melville et Côme vous avez fondé ce site Trop Long ; Pas Lu pour promouvoir les jeux en quelques pages. C’est un repère foisonnant de bonnes idées, de jeux gratuits à télécharger, et de créativité !

Je vais clore l’interview ici, en te disant un gros merci à toi !

Cendrones : Merci à toi ! et à toute l’équipe des CA. Un plaisir de se retrouver en convention, même virtuelle.

Cendrones / Julien Pouard, la Petite Interview
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