Le clan Féry s’essaie aux Sentes ! Dans ce GN joué en intérieur, le crash d’une montgolfière en forêt entraîne des comportements étranges : une séance hallucinée à découvrir avec la totale : ateliers, résurgence jouée presque comme une fiction audio, et un très instructif débriefing
(temps de lecture : 6 minutes)
(temps d'écoute : 39 minutes + 1h32)
Le jeu : Les Sentes, drames forestiers dans une réalité sorcière (jeu de rôle et GN)
Joué le 20/04/2019
Présentation et rêves : écouter / télécharger
Immanence et bilan : écouter / télécharger
[note de Thomas : dans ce CR, on parle d'immanence pour désigner le temps de jeu. J'ai depuis remplacé le terme par résurgence]

(crédits photos : Claude Féry, par courtoisie)
entrée de l’Almanach utilisée pour définir la situation initiale : « Je survolais la forêt en ballon. Lignes d'angoisse, rivières de tristesse, montagnes d'espoir.
Je vis ce que l'égrégore produit sur le monde. »
Nous avons entrepris notre cheminement sur les Sentes ce soir
En intérieur, avec Mathieu, Gabriel et Xavier
Nous avons présenté nos personnages
Demain nous voyagerons dans les rêves en mode semi GN dans notre jardin adossé à la forêt
Nous jouerons la première partie de l'immanence et la suite le lendemain, en intérieur (contraintes horaires de travail et de coucher pour XAVIER)

Thomas :
Sur les photos, on voit que vous êtes en intérieur mais avec des éléments de costume : vous avez joué l'immanence en intérieur ? Si oui, en format jeu de rôle grandeur nature ou en format jeu de rôle sur table ?
Claude :
Oui nous avons joué en intérieur mais avec une dimension corporelle, nous déplaçant, etc... Gabriel et moi étions seuls à avoir revêtu un costume.
Le masque s'est avéré une fausse bonne idée, la voix de Gabriel étant étouffée.
Nous avions défini les zones et l'avons utilisée.
Une très belle partie, intense, même si Xavier n'a pas tout intégré il s est amusé.

Thomas :
A. Cool. Cela rejoint l'expérience que j'ai fait en jouant aux Sentes grandeur nature dans une salle de classe exigue et sans décoration : l'immersion avait quand même été au rendez-vous car c'était les interactions sociales qui créaient cette immersion.
B. Etait-ce un one-shot où est-ce que ça s'inscrivait dans la campagne Les Brimbeux ?
Claude :
A. Cela c'est vérifié pour nous aussi. Toutefois la forêt a manqué à Gabriel pour que l'immersion soit complète.
B. Nous avons retenu une entrée de l'almanach pour la situation initiale et avant l'entrée dans l'immanence nous n'avons pas défini de lien avec nos expériences précédentes dans Millevaux.
Toutefois, l'entrée évoquait un ballon qui survolait Millevaux et j''ai opéré le lien avec la partie de l' Empreinte où Pobednik avait échappé ainsi que 3 petites filles à l'emprise qui rongeait sa communauté en s'enfuyant en aérostat.
J'étais l'amant inconsolable de l'une des filles.

Réponse de Thomas après écoute :
A. « Je m’appelle Boris, je suis le chamane et personne ne m’écoute » : super présentation de personnage par Gabriel !
B. Quand tu demandes si tu peux jouer un rituel impliquant la mort d’une personne, s’ensuit une discussion sur les tabous. Si c’était à refaire, est-ce que tu aurais utilisé le vote sur les tabous prévus dans les règles de base ?
C. C’est intéressant de dire le discours indirect en esprit fouine (« je porte des cailloux »), ça n’est pas un usage prévu (même en format jdr sur table, je garde l’esprit fouine pour les remarques méta), mais ça dénote votre intention de jouer de façon très Gnistique et à l’écoute, ça sonne beaucoup comme une fiction audio (de fait, ce discours indirect sera pour ainsi dire le seul de toute la partie, et vous recourrez également très peu au langage fouine même pour du méta)
D. Le début des rituels est complètement halluciné:)
E. l’écoute donne la même impression que la captation audio de notre session des Sentes en GN (Les Oiseaux) avec plusieurs conversations ou monologues en simultané
F. Les persos robots de Mathieu et Gabriel qui buguent de plus en plus:)

G. Les remerciements du personnage de Gabriel (merci [au perso de Xavier] de m’avoir trahi pour m’enseigner que l’amitié n’existe pas, merci à l’Angélus de n’avoir pas exaucé mes prières pour m’enseigné que toute croyance est une chimère, etc.) sont glaçants:) Pour info, les règles de base impliquent qu’on pardonne (et non qu’on remercie) aux personnes qui se sont transformé en monstres (et non à tout le monde), mais votre réappropriation est tout à fait intéressante
Amusant que vous ayez refait le rituel de prier l’Angelus, qu’on avait déjà fait pendant la session « Les Oiseaux »:)
H. Xavier échoue à faire ses rituels dans la session. Je pense que c’est dû à plusieurs non-respect des règles (ou mauvaises formulations des règles de ma part) : quand Xavier demande à Mathieu de lui laisser porter des choses, Mathieu aurait dû accepter (sauf problème de sécurité émotionnelle) car selon la règle, « on fait tout ce qu’on nous dit de faire ». Quand Xavier crie au loup les deux premières fois, j’ai le sentiment (détrompe-moi, tu as une meilleure vue de la partie que moi) que les personnages ne courent pas à son secours : encore une fois, ils auraient dû le faire puisqu’ « on fait tout ce qu’on nous dit de faire. » La dernière partie du rituel (crier au loup une troisième fois et à ce moment là, personne ne vient, et il nous arrive vraiment un problème) est plus difficile à faire, j’en conviens, car si quelqu’un répond à notre appel au secours, il faut l’en dissuader par un signe gestuel ou un langage fouine. Ceci dit, j’ai l’impression que Xavier a réinterprété ce rituel-ci pour se le rendre jouable, puisqu’il a décidé de mourir au deuxième cri du loup, c’est bien ça ?
I. C’est assez fort que tu nous confies en débriefing avoir réinvesti une part de ton vécu personnel de la sorte.
J. Le personnage de Xavier et le tien étant morts, et les autres ayant accompli leurs rituels, vous avez décidé d’abréger la partie. Pour info, ceux qui avaient des personnages morts auraient pu recréer de nouveaux personnages ou figurants, et ceux dont les personnages avaient joué tout leur rituel auraient pu piocher de nouveaux rituels (comme tu le rappelles en débrief) ou jouer l’impact de la venue de nouveaux personnages / figurants.
K. Je me demande si, pour permettre un jeu proactif, donner un rituel par joueuse dans tes parties de JDR hors Sentes, serait intéressant. [Note de 2020 : j'ai en effet essayé ça de mon côté, et c'est très efficace]
L. Ce qui est frappant, c’est que l’entrée du 19 péril (entrée du jour, mais dédaignée au profit de l'entrée du 15 péril) donne une conclusion à la partie : « Dans cette auberge, on dort avec ces autres qui nous protègent, nous réchauffent, nous racontent leur histoire.
Ici, on dort avec les morts. »

Réponse de Claude :
A. Dans la mesure ou nous avons joué en trois moments notre tentative première, cette présentation était la seconde. Mais elle est très forte. Je l'ai reçue. Je pense que Gabriel était pour sa part également dans un cheminement pseudo chamanique et que cette phrase n'est pas innocente. Elle dit quelque chose de lui ou au-delà.
B. Si je n'étais pas avec mes fils j'aurais recouru au vote des tabous.
Cette étape fut accomplie hors micro mais sans formalisme compte tenu de nos liens familiaux
Dans la mesure où nous avons joué en différé de nouvelles réflexions ont surgies
C. Tous les trois étaient enthousiastes à l'idée de jouer Les Sentes, y compris Xavier qui était un peu jaloux que nous ayons pu jouer sans lui. Toutefois, je me suis dit, après que nous ayons décidé de jouer, que Xavier était un peu "jeune" pour le GN. De fait, il éprouve encore de la difficulté à distancier ce qui relève de son personnage et sa personne propre. Il est très impressionnable, (consultations répétées auprès de spécialistes, car Xavier est dans sa bulle d'imaginaire et tient très peu compte de ce qui l'entoure) et l'idée d'aller dans le bois avec lui qui flippe sans oser l'avouer ne m'est pas apparue comme l'idée du siècle. Lorsque j'ai communiqué mon verdict de père, ( et non de joueuse), pas de GN à 4, à trois plus tard, ce fut une grande déception pour Gabriel. Aussi, le socle sur lequel nous avions convenu, (hors micro), de bâtir notre première expérience, était de n'exprimer que le ressenti des personnages et de les jouer pleinement (posture, gestuelle, mime, action, déplacements) dans toute la mesure du possible.
G. Gabriel l'a retenu, je pense, en partie parce que l'Angelus est pour lui une abstraction. Il n'a reçu aucune éducation religieuse. Il s'est senti dépourvu, récemment en classe d'allemand lorsque l'enseignant, en allemand, a tenté de rattraper ses lacunes. Je pense que c'était pour lui un moyen de mettre encore un peu plus de lui même dans son personnage et renforcer son immersion.
J'ai considéré que nous devions nous remercier mutuellement pour notre implication lors de la session. J'ai abordé cette tentative d'appropriation des Sentes une peu comme un rituel navajo. En amont, nous avions de plus longuement évoqué ce pour chacun de nous évoquait le terme implication dans notre pratique.
H. Tout à fait. Il le précise d'ailleurs. Nous avons un peu joué sans lui, obnubilés par nos propres personnages.
Je reconnais en fin de bilan que nous n avons vraiment pas assuré sur ce plan.
A notre décharge Xavier crie souvent au loup et le rituel est un drôle de pied de nez pour lui. C'est la principale cause de fâcherie entre frères.
I. Je l'ai fait spontanément, non pas nécessairement pour le diffuser, (j'aurais pu cependant le couper au montage), mais par honnêteté auprès de Mathieu, Gabriel et Xavier. Leur dire, c'est leur demander leur autorisation d'y recourir à nouveau à l'avenir et imprimer une direction à notre définition d'implication
K. Oui, tout à fait, c'est prévu.
L. Tout est lié.
