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par Doc Dandy » 19 févr. 2018 11:14
Compte rendu de partie de Café Noir
Le 15 février, Atenium Café, Lyon. 21h-00h00.
Joueurs : Tom (Archie Rollins) et Nicolas Aka Ours (Shannon Flannery)
Les personnages :
Archie, journaliste miteux dont le seul talent est celui d’être plus patient et endurant que ses collègues. Experts en affaires longues à révéler, Archie peut aussi compter sur son beau-frère Calvin, agent au FBI.
Shannon est une montagne, athlétique et robuste. Peu éduquée et simple d’esprit elle travaille dans le bâtiment. C’est aussi une femme à l’instinct protecteur pour ceux qu’elle aime. Mais son côté maternel peut aussi dérailler. C’est comme ça qu’elle s’est retrouvé avec un cadavre à planquer dans une dalle de béton d’un immeuble d’affaires un soir de juin. Une mort qui lui reste sur la conscience.
Ça se passe au Flamer’s, vieux bar gay qui a connu son heure de gloire dans les années 70. Maintenant c’est un repaire d’ouvriers et de gens modestes travaillant dans la zone industrielle à proximité. La zone se situe au nord de la ville de San Felipe, état de Washington. C’est une ville modeste entre l’Oregon et Seattle. Il y fait froid souvent. Dans le bar les deux héros de notre histoire se fréquentent à leur grand regret. En fait ils ne peuvent pas se blairer. L’un pense qu’une nana n’a pas à ressembler à une armoire à glace, l’autre trouve que ce fouille merde traine sa dégaine de looser jusque que sur sa gueule.
Pour ce soir-là c’est différent. Alors que Shannon reçoit son ex, Fabio avec un vieux type, Charlie Marlowe, Archie est juste derrière. Il entend tout. Charlie est le voisin de Fabio et s’inquiète car sa fille Debra a disparu après s’être fait virée de son travail chez Bernie McDuffie, un entrepreneur véreux. Shannon connait McDuffie et surtout ses liens avec la mafia irlandaise. La police a prétendu s’en charger mais ils lui ont plus posé des questions sur ce que savait Debra qu’autre chose. Shannon ne fait pas sa difficile et décide de se lancer dans l’enquête. Archie, qui a tout entendu, décide de proposer ses services, après tout c’est un limier !
Shannon passe un coup de fil à Marie Nguyen, fonctionnaire à la mairie pour en savoir plus sur McDuffie (Une dette à D4). C’est un ripou mais intouchable, impliqué dans des affaires de marchés truqués mais difficile d’en dire plus.
Direction l’appartement de Debra, son père ayant confié une copie des clés. Rien sur place, tout est rangé, net, typique qu’une jeune fille sans histoire. En sortant ils remarquent tout de même une Lincoln Noire avec deux types à l’intérieur : un grand chauve avec une barbe rousse de hipster et un petit brun avec une casquette en tweed. Si c’est pas des gueules d’irlandais… (Lancé du d8 de menace pour la mafia irlandaise, ça progresse D8=>D6).
Le duo de choc se rend alors chez le petit ami, Michael Chang.
Note du Narrateur : je n’avais aucune idée de ce qui allait ressortir de la rencontre avec Michael, j’avais juste balancé un nom au hasard sans rien prévoir. J’utilise alors les outils à ma disposition et je regarde qu’elle est sa motivation : payer sa dette. Mais quelle dette ? Envers qui ? Là une idée sournoise survient…
Michael est chamboulé et inquiet, Shannon fait de son mieux pour le rassurer. Mais cette fouine d’Archie sent qu’il y a quelque chose de pas net. Il cuisine le jeune homme. Il ne faut pas longtemps avant que celui-ci craque. Il a prévenu Dave Palantine, le parrain irlandais du coin qui bosse avec McDuffie. Debra a récupéré des fichiers compromettants et fait des copies sur une clé USB. Michael doit de l’argent à Palantine et a balancé sa petite amie. Mais il regrette tellement… Il sait que le juge Lennox enquête sur Palantine et des flics sont venus interroger Michael.
Archie et Shannon se disent que le mieux c’est de contacter le juge pour échanger les infos. Ils se donnent rendez-vous le lendemain au Flamer’s.
Le lendemain Shannon est réveillée par deux policiers : Hammond et Melindez. Ils posent des questions car elle a été vue avec Charlie Marlowe. Elle joue les candides d’autant plus facilement qu’elle a un vocabulaire limité. Ça passe. Activation du dé de menace de la police. D8=>D6.
Pendant ce temps Archie appelle son beau-frère, Calvin, pour se renseigner sur le juge Andy Lennox. Calvin prévient Archie : Lennox aurait sa place dans un western comme juge de potence. C’est un connard qui cherche des coupables, pas la vérité et ne fait pas dans la dentelle. Malgré tout Archie presse Calvin de lui arranger un rendez-vous.
Archie et Shannon se rendent donc au bureau de Lennox. Ça tourne mal car au lieu de récupérer des informations ils passent sur le grill et sont limite considérer comme des gêneurs dans l’enquête. Hammond et Melindez arrive alors pour leur faire comprendre de laisser tomber. Debra n’est pas leur priorité, ils veulent faire tomber McDuffie.
Shannon réussi à se procurer la liste des biens de Palantine, peut être que Debra est quelque part dans l’un de ses bâtiments. Un immeuble jure dans la liste d’entrepôts et d’immeubles d’affaires dans le quartier chic, un vieil immeuble pourri dans « Thief Street », la rue des voleurs bourrée de receleurs et de petits cambrioleurs. En arrivant sur place, ils découvrent que l’immeuble est gardé par deux gorilles. Hum… Shannon a une idée de génie ! Son pote artiste, rebelle, alcoolique et faux français, Henry Dessources n’est pas loin. Elle lui propose d’organiser un happening artistique pour « se réapproprier la rue abandonnée par le capitalisme décadent ». Quelques heures plus tard, tout ce qui se fait de hippies hallucinés, d’artistes illuminés et autres anarchistes rêveurs occupe la rue. Un moment totalement WTF mais Nico a trouvé une solution innovante pour utiliser sa dette avec Henry. J’ai validé d’autant que le D6 a produit un 6 ! Gros bonus.
Shannon surveille tout ça et Archie passe par une lucarne accédant au sous-sol à l’arrière du bâtiment. Dans une pièce sombre et humide, il entend du bruit à côté. Il sort son flingue et avance. Pour trouver Debra, attachée et les yeux bandées. Avec des marques sur le corps, ils n’ont pas fait semblant. Archie la libère et la fait parler. Elle a trouvé des informations très importantes sur les liens entre McDuffie, Palantine et impliquant beaucoup de monde dont l’adjointe au maire de la ville. Paniquée, elle a caché la clé chez son père sans le tenir au courant. Ils l’ont torturé et elle a fini par avouer, les hommes de Palantine sont en ce moment en direction de l’appartement de Charlie Marlowe. Grâce au foutoir du pote de Shannon, les gardes sont trop occupés à évacuer des artistes allumés pour voir le trio monter dans la Dodge Challenger de Shannon. La vieille guimbarde qui a connu des jours meilleurs fonce vers le logement de Marlowe. Ils arrivent à destination au moment où la bagnole rend l’âme. (Jet réussi mais le dé d’usure du véhicule est arrivé à son terme).
Je décide alors de lancer les deux dés de menace. Est-ce que les flics ou les malfrats vont intervenir ? Le dé rouge fait 1, c’est celui des malfrats. Ouch.
En arrivant dans le salon, ils tombent sur Charlie, à terre et baignant dans son sang. Shannon se précipite pour voir s’il est encore vivant, Debra appelle des secours et Archie visite la cuisine. Il tombe nez à nez avec le rouquin et l’homme à la casquette, Smith et Wesson 29 en main, shit. Archie tente de viser avec son Ruger mais se prend une bastos en plein buffet, il s’écroule (2PS moins 3 points de dégâts -1 ! Aïe !) mais ne lâche rien (activation de l’action « tromper la mort » pour continuer à agir. Le joueur jette 1d6, sur un 6 il meure, sur un autre score il continue. Malheureusement il ne peut pas faire 2 fois le même score ! Archie fait 5). Peine perdue, il retire sur les autres qui s’approchent et lui collent une 2e balle dans la jambe. Shannon ne perds pas de temps, elle sort son M3 Grease gun et lâche une rafale depuis le salon. Les deux bonhommes sont obligés de se planquer au fond de la cuisine devant le feu nourri. Elle rentre dans la cuisine et arrose le rouquin qui prend une dizaine de balles dans la poitrine. Il s’écroule contre la fenêtre. Son collègue prend le temps de renverser la table pour en faire un bouclier, il est acculé. Archie décide de tirer malgré son état (-4 PS ! A -5 il meure définitivement) mais se rate totalement. L’irlandais panique et tire n’importe comment, sa balle touche le chauffe-eau qui se déverse sur le pauvre Archie, qui hurle de douleur sous la chaleur. Là le joueur avait tiré un 20 sur son dé ce qui implique une action « open bar » de la part du Narrateur. Au lieu de le faire mourir bêtement, j’ai appliqué ce que j’ai écrit dans le bouquin, on n’est pas là pour faire mourir le perso mais l’humilier. Archie va donc vivre mais il aura beaucoup souffert.
Pendant ce temps-là Shannon vide son chargeur sur la table, l’autre survie parvient même à blesser Shannon deux fois ! Elle refuse de tomber (en plus d’avoir un max de points de souffle elle a eu de la chance sur les dégâts, il ne lui en reste qu’un quand même !). L’homme, aussi, a un revolver vide, il tente de prendre la table en bois comme bouclier et sortir de la cuisine. C’est sans compter Shannon dont la puissance brute le stoppe net et envoie valser le bonhomme à terre. Marlowe en train de mourir, ce pauvre Archie, Debra torturée, c’est trop pour l’empathique jeune femme. Elle enfile son poing américain et relâche toute la violence en elle. La tête du bandit éclate comme un fruit trop mur sous la violence des coups. (4 de dégâts sur un D4, trop pour le pnj qui meure sur le coup).
Epilogue : La télé annonce la démission de l’adjointe au maire et de nombreuses arrestations suite à des révélations de blanchiment d’argent au travers d’une société de travaux publics. Braun Shuman couvre l’affaire avec brio. Archie Rollins, allongé sur un lit d’hôpital et le visage recouvert de bandages, éteins la télé. Non seulement il ne peut pas couvrir l’affaire, bloqué au département grands brulés du Miller’s Hospital, mais c’est son meilleur pote qui le fait à sa place. Shannon vient lui rendre visite avec Debra, reconnaissante même s’ils n’ont pas pu sauver son père. Shannon n’a passé que 3 jours à l’hôpital, il a fallu d’une balle pour tuer Marlowe et Archie a failli y passer et elle a encaissé deux tirs sans ciller. Cette fille n’est pas humaine ! Dormez tranquille, habitants de Sans Felipe, des gens ordinaires prennent des risques pour vous protéger…
Retour technique : Je suis extrêmement satisfait de ce playtest. Tout a parfaitement fonctionné et je le dois surtout aux deux joueurs qui ont été de bons clients. Le système de dettes a fonctionné à plein régime et tient la route même si les joueurs ont eu de la chance et aucune dette n’est descendu. On pourra toujours juger que l’utilisation d’Henry pour la diversion est abusive mais c’est vrai que ce pnj n’est pas forcément facile à utiliser. Autant laisser pisser. Les combats, comme je l’attendais, sont terriblement mortels et entraînent des scènes très violentes. Bien, bien même si cela peut entrainer des morts rapides pour certains personnages. A spécifier dans le bouquin. Les outils mis à disposition m’ont permis d’improviser sereinement et de proposer des choix aux joueurs qui ont eu toute latitude pour avancer. La gestion du score d’enquête a été cruciale dans le rythme donné. Les pjs ont progressé lentement et je ne pouvais leur révéler la vérité tant qu’ils n’avaient pas avancé. Ça donne un récit où ça piétine puis tout s’enclenche très vite. Cool même si parfois j’ai un peu galéré pour pondre des révélations sans tout dire. La logique des menaces est intéressante aussi car il n’y a pas eu de confrontation totale immédiatement. Le compte à rebours s’enclenche mais les choses prennent leur temps avant que ça dégénère. Bien bien…
Quelques regrets tout de même : Les ancres n’ont pas servi car les pjs se sont économisé, cela vient aussi du fait qu’ils n’ont pas utilisé la mécanique du « oui mais… » appelé « passer à la caisse » qui permet d’assurer sa réussite tout en payant un coût à l’action (engranger des dettes, liens avec des pnjs qui s’amenuisent, perte de points de souffle à cause de la fatigue, etc.). Le remplissage de la carte de la ville n’a pas non plus été beaucoup exploité. Pas grave c’est secondaire et je pense que ça prend tout son sens sur plusieurs parties où les joueurs vont ajouter des quartiers au fur et à mesure.